A Saint-Julien, comme ailleurs, ils sont souvent mystérieux et surtout très nombreux, à tel point
que même les habitants les plus anciens de notre commune n’en connaissent pas la moitié. Daniel
L’Homond dans son excellent et truculent livre intitulé : Les lieux Disent -Edition Fédérop -, nous
interpelle sur ce sujet qui est et reste d’actualité.
En voici un extrait :
« Jadis, on « baptisait » la terre avec des mots, on ne possédait pas de plans exacts ; mais des
roches, des troncs, des ruisseaux, des talus servaient de tracés, de repères.
Beaucoup de toponymes (noms des lieux) sont morts d’avoir vécu avec leurs propriétaires.
D’autres qui faisaient allusion à la végétation, au sol, au relief, aux animaux, aux métiers, n’ont plus été
fréquentés…D’autres encore ont été abandonnés au profit des lettres des nouveaux cadastres. Ainsi, il
est plus aisé de situer B057M que le Goustal de la Brunie. Les plus représentatifs, les plus étendus, les
mieux « tenus », ont grignoté leurs voisins fragiles. On le voit sur l’annuaire de la Poste ou sur le
Répertoire informatique des Voies et Lieux-Dits du Cadastre de l’Arrondissement de Sarlat.
Les principaux lieux-dits d’eaux
Il y a peu de temps encore, on recensait plus de cinq cents lieux-dits à Saint Julien. Beaucoup ont été perdus, ou sont seulement connus de quelques anciens. Ceux qui ont survécu au nivellement de la modernité parlent encore de géographie,d’arbres, de fleurs, de champs et de carrefours, de sources, des personnes et de leurs activités, de maisons et depropriétés, de légendes et d’histoire. Leur langue est le plus souvent l’occitan, la langue des troubadours, parlée depuis des siècles au sud de la France.
Il reste à Saint-Julien-de-Lampon une centaine de lieux-dits en activité réduite. Mais la plupart des habitants n’en utilisent qu’une quarantaine dans leur vie quotidienne ».
Savez-vous qu’un habitant du lieu-dit La Brunie se rendant à La Tourette (900m) passerait d’abord par Les Combes, puis La Sivadal (ancien champ d’avoine), suivi Des Calimages, du Creux des bois, et enfin des Picadis (ancienne plantation de vigne).
Beaucoup font référence à l’eau et en particulier aux sources, ruisseaux, fontaines. Penchons nous
(mais pas trop) sur certains d’entre eux parmi les plus connus.
La Font de Lamalle : De l’occitan font qui veut dire source ou fontaine. Lamalle est le nom de la famille qui a fait
construire la fontaine. Le «Fond de la Malle» on n’y trouve que quelques vieux vêtements et souvenirs d’enfance.
La Fombelière : En occitan La Font Beliera. Bélière pourrait venir du gaulois berla, le cresson, mais aussi du bélier
hydraulique, système mécanique permettant de pomper l’eau à une certaine hauteur.
La Font Bulien : Aussi francisée en la Font Bouillante. De ce lavoir, on disait que l’eau y était plus chaude qu’au
Carreyrat mais elle doit son nom au fait qu’elle sort de terre en faisant des bulles. On appelle aussi ce type de sources une bulide ; celle de Vézac mérite une visite.
Le Tourondel : Un petit Touron autre façon occitane de dénommer une source, résurgence quelquefois jaillissante.
La Dordogne : Contrairement à une légende tenace, l’origine du nom Dordogne n’est pas la réunion des deux noms, la Dore et la Dogne. Les formes anciennes Duranius puis Dorononia fluvius et enfin Dordonia ou Dordonha en occitan montrent qu’il s’agit d’un nom dérivé de la racine préceltique dour- dor- signifiant rivière, qui se rencontre dans de nombreux noms de rivières comme le Douro au Portugal, le Dropt, l’Adour… Elle est ici associée à la racine gauloise onna qu’on retrouve dans la Saône, le Rhône, la Garonne etc.
La Rivière : Attention, faux ami. Le nom vient de l’occitan ribiera qui signifie berges d’une rivière, il a le même sens
que la riviera italienne. Quand un paysan vous dit qu’il va à la rivière, n’en concluez pas que c’est pour pêcher ou se
baigner ; il va travailler dans les champs et plantations qui bordent la Dordogne entre Saint-Julien et Sainte-Mondane