Les « arbres de Mai », sont omniprésents dans nos paysages :
« Mai » aux élus et aux non élus, aux mariés, aux retraités, aux patrons, de bienvenue, etc.
Le « Mai » dans nos régions est le plus souvent un tronc de pin (le pinier) ou de peuplier (le pioul) dépouillé de ses branches basses pour n’en garder que la cime. On le décore selon les circonstances de rubans de couleur, de couronnes, de fleurs, de drapeaux, d’un écusson indiquant qui on honore.
C’est dans le Lot en 1887 qu’on planta pour la première fois un « Mai », récépissé d’une élection, en l’honneur d’un maire.
Il est d’usage que la personne honorée remercie les initiateurs et les participants à ce geste de reconnaissance collective en fournissant le boire et le manger. On arrose l’arbre.
Très vivace dans les régions occitanophones la tradition de plantation des mais concerne à divers degrés et sous de formes variées toute l’Europe Occidentale, mais aussi le Québec, les États-Unis…
Une tradition qui évolue tout au long de son histoire, il arrive même qu’elle change totalement de vocation.
Chez les Romains, le mai était dédié à Maïa, la déesse de la fécondité qui veillait sur les semences du printemps.
Les Celtes, grands adorateurs de la forêt rendaient hommage à la nature et célébraient le printemps et la fertilité. Ils dansaient et festoyaient autour du mai pour chasser les mauvais esprits. C’est à eux qu’on doit la propagation de ce que l’église considéra longtemps comme une pratique païenne.
Cette fête devint au Moyen Age celle des amoureux :
Allons au bois le Mai cueillir
Pour la coutume maintenir
Nous aurons des oiseaux la gaîté
En ce premier jour de mai
Charles d’Orléans (1394-1465)
En Angleterre on parle du Maypole, qui fut jusqu’au XVIème siècle prétexte à des jeux coquins pour fêter le printemps et appeler à la fécondité ; les puritains le firent interdire. De nos jours la tradition beaucoup plus sage de la danse des rubans autour du Maypole est encore vivace dans les campagnes.
Son pendant allemand est le Maibaum dont la tradition festive est encore vivace en Bavière.
Au Québec on écorçait le sapin à coups de fusils dont le bruit devait éloigner le mauvais sort. En Périgord il arrive aussi qu’on tire un coup de fusil vers le mai des mariés pour éloigner le diable.
Dans les Landes gasconnes les Mayades organisées par les jeunes du village sont des fêtes mêlant hommage et convivialité. En Périgord, tous les prétextes sont bons pour planter le mai et fêter ses dédicataires; souhaitons que ces balises concrètes du vivre ensemble ornent encore longtemps nos villes et nos campagnes.
Béroalde de VERVILLE (1556-1626)
Maintenant que l’Amour renaît heureusement
Et qu’à ce beau printemps il commande qu’on plante
D’un Mai long et dressé la désirable plante
Il faut suivre l’arrêt de son commandement.
J’ai un Mai long et gros et fort également,
Poussant devers le haut une verdeur plaisante,
Qui frisonne sa cime en tout temps verdoyante
Et qui se peut planter assez facilement.
Ma dame, permettez que l’on m’ouvre la porte,
Et je le planterai sur la petite motte
Qui de votre maison remarque le milieu ;
Je le mettrai tout droit dessous votre croisée
Où en petits frisons la terre relevée
Fait l’endroit plus plaisant qui soit en tout le lieu.